Notre petit coucou quitte Port Vila tôt le matin pour
nous amener à Tanna. Nous volons à basse altitude, la mer est
sous nos pieds à perte de vue. Nous survolons quelques iles,
et 1h 30 plus tard nous atterrissons sur un petit aérodrome :
Voici Tanna. Quelques 4X4 sont là pour les transferts sur les quelques
hébergements que recèle l’ile. Notre chauffeur, très chaleureux nous embarque
et nous prenons la piste : ici pas de route goudronnée, pas de
signalisation, pas de boutiques.
Ni du
ciel ni sur terre nous n’apercevons le Mont Yasur… Y a –t-il un volcan à
Tanna ?
Ca y est, c’est le départ
pour l’expédition . On reprend la piste, on longe des tribus
composées de quelques huttes, certaines à même le sol, d’autres sur pilotis, ou
encore posées dans les arbres.
Il n’y a pas d’électricité ici, les habitants marchent à pieds, pas
encore de consommation de masse. Nous quittons la piste principale pour
un chemin de plus en plus étroit, en forme de tôle ondulée bien dur
avec des crevasses bien profondes. La piste de la vallée de la Hienghène me
semble bien luxueuse maintenant
Nous montons
dans la montagne, premier stop !
Une fumée épaisse et noire le chapeaute
A travers le silence de la nature, nous percevons comme une musique composée de sons et de clochettes … Un chant … Au fond de la vallée il y a un village, et c’est de là que montent les sons musicaux. Notre guide nous explique que nous sommes en pleine cérémonie de la circoncision, que les petits garçons sont cachés depuis plusieurs jours
déjà et que
maintenant il faut les retrouver, car le
grand jour c’est demain, les enfants
sont appelés de cette manière, par des chants, des danses, clochettes aux chevilles.
En attendant nous
reprenons la piste pour contourner le volcan. La couleur de la terre a changé ,
elle est noire, ce n’est plus que de la cendre ; de chaque
côté du chemin nous frôlons la végétation luxuriante et nous remarquons
qu’elle fume. Mais qu’est- ce donc que cette fumée blanche qui sort de
partout ? C’est la vapeur du volcan qui s’évacue par chaque
racine, chaque brin d’herbe, chaque plante, chaque parcelle de
terre ! Et en plus, malgré le beau temps, voici qu’il pleut…. De la cendre qui pique les yeux !
Les essuie- glace ramasse une boue noirâtre, c’est en fait une pluie de cendre mêlée à la vapeur d’eau, qui tombe du ciel.
Tout s’est assombri ici…De chaque côté de la route
nous rencontrons des coulées de lave façonnant ainsi de nouvelles routes très
larges, perpendiculaires à notre petite piste…. Ou la là !!! Et puis d’un
seul coup, les coulées de lave se transforment en un paysage lunaire, une
plaine gigantesque, sans un brin d’herbe,
dune de cendre, de lave et de souffre.
C’est le moment préféré de notre guide : il
accélère, et nous voici à fond la caisse à rouler à vive allure, à faire du
slalom. Nous sommes au pied du Mont Yasur ; On rigole, c’est comme une mer de sable
noire ! Et on glisse, on glisse.
Deuxième stop ! Nous sommes en route depuis bien
longtemps déjà, pose jus d’orange et chips de banane. Au moment où nous mettons
pieds à terre, une forte déflagration vient de se produire, un gros champignon noir sort du sommet
: te voici donc bien occupé,
Volcan de Tanna. Le temps que la fumée noire s’estompe et le voici qui gronde
et qui crache à nouveau.
La terre tremble sous nos pieds, On marche sur cette terre lunaire, je le
regarde, à la fois émerveillée et plutôt impressionnée.
Un drôle de sentiment nous anime en fait, on est
dans l’attente, mélange de crainte pour
cette terre inhospitalière, de respect peut-être, mais le sentiment de vivre un moment
inoubliable, unique, magique.
Ca y est notre guide nous invite à remonter en
voiture, nous repartons, nous slalomons encore à travers les dunes, nous
passons sur une rivière de lave, on contourne le volcan, nous rencontrons nos
ni-van, ils marchent beaucoup, et comme dans le nord de la
Calédonie, on se fait toujours un signe de la main pour dire bonjour,
accompagné d’un sourire.
Dernier
arrêt, nous voici au pied de l’autre versant du Yasur. On va enfin voir le
ventre du volcan.
On grimpe en levant constamment la tête,
pour voir, pour entendre mieux, il y a un chemin balisé, moi je marche dans la
cendre, je préfère, c’est facile. L’ascension un peu raide au début devient
très vite vraiment facile.
Nous voilà au sommet, après quelques
minutes de marches, nous sommes au bord du cratère…. Incroyable ! On
se retrouve sur l’un des volcans les plus actifs du monde, d’une
accessibilité déconcertante. Le Mont Yasur mesure 365 mètres de
haut , petite taille mais activité volcanique très intense, son cône est
en éruption permanente. C’est quasiment la fin de l’après-midi, il
fait encore jour, sommes à quelques mètres du bord, on se bouffe une
fumée noire,après chaque éruption, mélange de souffre, de gaz, surtout de
gaz, et derrière le sommet au-dessus du cratère, on peut voir ….
Le coucher du
soleil. Merveilleux, le feu jailli du cratère, le soleil tire sa
révérence. On va rester là béats, longtemps, longtemps.
La journée tire à sa fin, Yasur
semble redoubler d’activité,
niveau 3 sur 4 depuis deux
jours…. A 4 c’est l’évacuation des populations.
Et on est là, debout, attentifs à son moindre souffle ,
il n’y a pas de temps mort avec ce Monsieur, à peine remis d’une éruption
qu’en voilà une autre, on est gâtés, petit par sa taille mais fort par sa
puissance et son activité. A certaines explosions, la lave jaillie si forte
et si haute, que nous devons faire attention aux retombées de caillots qui
volent et retombent poussés par le vent du côté de notre versant.
Au fond du
volcan, avec la nuit qui vient on peut voir les énormes braises qui reposent,
luminescentes.
On restera longtemps au bord du cratère, à contempler ce paysage fabuleux .On n’est pas tout seuls, mais pas trop nombreux non plus, on discute, on commente parfois, nous retrouvons Les Kiwis que nous avions descendus plus tôt au village, et qui ont décidés de dormir au pied du volcan, il y a un pro de la photos, avec pieds et tout et tout. Nous, nous profitons de chaque moment, de chaque fontaine multicolore, des bruits, des odeurs, de la chaleur qui émane des éruptions, du ciel.
Il fait nuit noire depuis un bon moment, notre guide nous a rejoint, il est emmitouflé
dans sa carpa avec son écharpe nouée
autour de la bouche, recroquevillé, par terre, à sentir le volcan et nous savons que si il y
a une activité inhabituelle, il saura la détecter rien qu’avec ses pieds, les ni-van de Tanna
sentent battre le cœur du volcan.
Malgré la chaleur des feux, il fait froid là-haut
au-dessus du volcan. Dans un moment, il va falloir redescendre dans la
nuit. Pas grave hein, on ne voit pas bien clair avec nos torches,
mais on s’en fou on s’en ait pris plein les mirettes. … La prochaine
fois…. Je dormirai au pied du volcan… Comme les Kiwis !
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