mercredi 25 juillet 2012

VOLCAN DU MONT YASUR - TANNA AU VANUATU


Notre petit coucou quitte Port Vila tôt le matin pour nous amener  à Tanna. Nous volons à basse altitude, la mer  est  sous nos pieds à perte de  vue.  Nous survolons quelques iles, et  1h 30 plus tard nous atterrissons sur un petit aérodrome : Voici Tanna. Quelques 4X4 sont là pour les transferts sur les quelques hébergements que recèle l’ile. Notre chauffeur, très chaleureux nous embarque et nous prenons la piste : ici pas de route goudronnée, pas de signalisation, pas de boutiques.
Ni du ciel ni sur terre nous n’apercevons le Mont Yasur… Y a –t-il un volcan à Tanna ?

Ca y est, c’est le départ pour l’expédition .  On reprend la piste, on longe des tribus composées de quelques huttes, certaines à même le sol, d’autres sur pilotis, ou encore posées dans les arbres. 
  Il n’y a pas d’électricité ici, les habitants  marchent à pieds, pas encore de consommation de masse. Nous quittons la piste principale  pour un chemin  de plus en plus étroit, en forme de  tôle ondulée bien dur avec des crevasses bien profondes. La piste de la vallée de la Hienghène me semble bien luxueuse maintenant
Nous montons dans la montagne, premier stop !
   Ca y est,   il est face à nous, il nous attend



Une fumée épaisse et noire le chapeaute








A travers le silence de la nature, nous percevons comme une musique composée de sons et de clochettes … Un chant … Au fond de la vallée  il y a un village, et c’est de là que montent les sons musicaux.  Notre guide nous explique que nous sommes en pleine cérémonie de la circoncision, que les petits garçons sont cachés depuis plusieurs jours
déjà et que maintenant  il faut les retrouver, car le grand jour c’est  demain,  les enfants  sont appelés de cette manière, par des chants, des danses,  clochettes aux chevilles.

En attendant nous reprenons la piste pour contourner le volcan. La couleur de la terre a changé ,  elle est  noire, ce n’est plus que de la cendre ; de chaque côté du chemin  nous frôlons la végétation luxuriante et nous remarquons qu’elle fume. Mais qu’est- ce donc que cette fumée blanche qui sort de partout ? C’est la vapeur du volcan  qui s’évacue  par chaque racine, chaque brin d’herbe, chaque plante,  chaque parcelle de terre !  Et en plus,  malgré le beau temps, voici qu’il pleut…. De la cendre qui pique les yeux !

 Les essuie- glace ramasse une boue noirâtre, c’est en fait une pluie de cendre mêlée à la vapeur d’eau, qui tombe du ciel.
 
Tout s’est assombri ici…De chaque côté de la route nous rencontrons des coulées de lave façonnant ainsi de nouvelles routes très larges, perpendiculaires à notre petite piste…. Ou la là !!! Et puis d’un seul coup, les coulées de lave se transforment en un paysage lunaire, une plaine gigantesque, sans  un  brin d’herbe,  dune de cendre, de lave et de souffre.
 


 C’est le moment préféré de notre guide : il accélère, et nous voici à fond la caisse à rouler à vive allure, à faire du slalom. Nous sommes au pied du Mont Yasur ;  On rigole, c’est comme une mer de sable noire ! Et on glisse, on glisse.





 
Deuxième stop ! Nous sommes en route depuis bien longtemps déjà, pose jus d’orange et chips de banane. Au moment où nous mettons pieds à terre, une forte déflagration vient de se produire,  un gros champignon noir sort du sommet  :  te voici donc bien occupé, Volcan de Tanna. Le temps que la fumée noire s’estompe et le voici qui gronde et qui crache à nouveau.







 La terre tremble sous nos pieds,  On marche sur cette terre lunaire, je le regarde, à la fois émerveillée et plutôt impressionnée. 




Je vais faire un tour dans les dunes, et là je rencontre des ni-van, qui sortent de nulle part. En fait leur village est tout prêt, derrière,  on discute, ils sont très accueillants, ils m’expliquent qu’ils vont traverser cette plaine de plusieurs kilomètres pour aller vers le volcan. Y faire quoi je ne sais plus. Les voici qui traverse cette immensité, leur visage est cendré. Du coup je tâte le mien de visage, il est effectivement couvert de cendres, mes dents crissent, j’ ai donc de la cendre dans la bouche. Les villageois m’ont  expliqué que nous n’allons pas faire l’ascension de ce côté, que nous irons plus loin, encore plus loin, d’un côté ou on grimpe facilement. Et ça tombe bien, car à force de regarder l’arrête tranchante et si haute du mont Yasur qui gronde toutes les cinq minutes ,  de sentir des vibrations  dans tout  mon corps,  je me dis que si on attend encore longtemps, et bien je n’aurai plus le courage de faire l’ascension




 Un drôle de sentiment nous anime en fait, on est dans l’attente,  mélange de crainte pour cette terre inhospitalière, de respect peut-être,  mais le sentiment de vivre un moment inoubliable, unique, magique.
Ca y est notre guide nous invite à remonter en voiture, nous repartons, nous slalomons encore  à travers les dunes, nous passons sur une rivière de lave, on contourne le volcan, nous rencontrons nos ni-van, ils marchent beaucoup, et   comme dans le nord de la Calédonie, on se fait toujours un signe de la main pour dire bonjour, accompagné d’un sourire. 

 

Dernier arrêt, nous voici au pied de l’autre versant du Yasur. On va enfin voir le ventre du volcan.
  






 On grimpe en levant constamment la tête, pour voir, pour entendre mieux, il y a un chemin balisé, moi je marche dans la cendre, je préfère, c’est facile. L’ascension un peu raide au début devient très vite vraiment facile. 
 
 Nous voilà au sommet,  après quelques minutes de marches, nous sommes au bord  du cratère…. Incroyable ! On se retrouve sur l’un   des volcans les plus actifs du monde, d’une accessibilité déconcertante.  Le Mont Yasur mesure  365 mètres de haut , petite taille mais activité volcanique très intense, son cône est  en éruption permanente.  C’est quasiment la fin de l’après-midi, il fait encore jour,  sommes à quelques mètres du bord, on se bouffe une fumée noire,après chaque éruption, mélange  de souffre, de gaz, surtout de gaz, et derrière le sommet au-dessus du cratère, on peut voir …. 


 Le coucher du soleil. Merveilleux,  le feu jailli du cratère, le soleil tire sa révérence. On va rester là béats, longtemps, longtemps. 


 La journée tire à sa fin,  Yasur  semble redoubler d’activité,  niveau 3 sur 4  depuis deux jours…. A 4 c’est l’évacuation des populations. 
 


Et on est là, debout, attentifs à son moindre   souffle ,  il n’y a pas de temps mort avec ce Monsieur, à peine remis d’une éruption qu’en voilà une autre, on est gâtés, petit par sa taille mais fort par sa puissance et son activité. A certaines explosions,  la lave jaillie si forte et si haute, que nous devons faire attention aux retombées de caillots qui volent et retombent poussés par le vent du côté de notre versant.  

  
Au fond du volcan, avec la nuit qui vient on peut voir les énormes braises qui reposent, luminescentes.


On restera  longtemps  au bord du cratère,  à contempler ce paysage fabuleux .On n’est pas tout seuls, mais pas trop nombreux non plus, on discute, on commente parfois, nous retrouvons Les Kiwis que nous avions descendus plus tôt au village, et qui ont décidés de dormir au pied du volcan, il y a un pro de la photos, avec pieds et tout et tout. Nous, nous profitons de chaque moment, de chaque fontaine multicolore, des bruits,  des odeurs, de la chaleur qui émane  des éruptions, du ciel.
 


 




 Il fait nuit noire depuis un bon moment,  notre guide nous a rejoint, il est emmitouflé dans sa carpa avec son écharpe nouée  autour de la bouche, recroquevillé, par terre,  à sentir le volcan et nous savons que si il y a une activité inhabituelle, il saura la détecter  rien qu’avec ses pieds, les ni-van de Tanna sentent battre le cœur du volcan.






Malgré la chaleur des feux, il fait froid là-haut au-dessus du volcan.  Dans un moment, il va falloir redescendre dans la nuit. Pas grave hein,  on ne  voit pas bien clair avec nos torches, mais on s’en fou on s’en ait pris plein les mirettes. …  La prochaine fois…. Je dormirai au pied du volcan… Comme les Kiwis !



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